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Extrait de la biographie de M. Demichelis

 

La seule participation active que j’ai eue sur le plan militaire s’est déroulée dans des conditions très particulières. En août 1944 a eu lieu le débarquement en Provence, dans la région de Toulon. J'avais alors 19 ans. L’objectif des troupes alliées était de remonter le plus rapidement possible vers Grenoble, ce qu’elles ont fait en empruntant la route Napoléon, passant par Sisteron, Gap, Briançon et le Col du Lautaret. En arrivant à Briançon, les américains ont traversé la ville, qui semblait désertée par les allemands. Nous, les maquisards, avions quitté le sud du Vercors et suivions les américains dans leur remontée. À Briançon, ils ont demandé à tous les jeunes d’aller occuper les forts, construits bien des années auparavant par Vauban, qui entouraient la ville. Ainsi Briançon serait déclarée libérée.

Ce plan paraissait tranquille, sauf que les allemands, s’ils avaient abandonné la ville, étaient toujours tapis dans les forts ! Or il se trouve que, suite à une dispute avec des officiers, nous, les jeunes, avions été punis et devions, après avoir déposé notre matériel dans les camions, monter rejoindre les forts à pied. Nous sommes donc partis, avec un bout de pain et une boite de sardine pour tout repas. Arrivés, Sten sur l’épaule, dans un champ de pommes de terre au pied du Fort des Têtes, nous avons été arrosés par des tirs de mortier. Le camarade qui était à côté de moi a reçu un éclat de mortier dans la jambe. Il n’avait que 16 ans… Ça saignait pas mal, et comme j’étais infirmier on m’a dit de m’occuper de lui.

– M’occuper de lui ? Et qu’est-ce que ça veut dire, ça ?

– Tu te débrouilles !

La seule chose à faire était de l’amener à l’hôpital… J’ai dit à mon copain Henri de ne pas s’inquiéter, j’allais m’occuper de lui et l’amener à l’hôpital. Dans une ferme voisine j’ai trouvé une brouette, j’ai installé Henri dedans et nous voilà partis… Ça a été une épopée, Briançon est une ville tout en montées et descentes ! Mais je savais où était l’hôpital, vers la vieille ville, et j’ai fini par y arriver, pour laisser mon ami blessé aux soins d’une bonne sœur. J’ai ensuite tenté de rejoindre mes amis mais ils étaient introuvables, dispersés eux aussi. Et les tirs continuaient ! J’ai donc passé une partie de la journée dans un fossé, rempli de cheveux de femmes tondues, avec les obus de mortier qui me passaient au-dessus. « Ben mon vieux… », je n’arrivais pas à me dire quoi que ce soit d’autre. Au bout d’un moment, quand tout s’est calmé, ne sachant que faire, je suis retourné dans mon pays d’origine, où se trouvait l’organisation du maquis. Mais là, on m’a dit que si je restais j’allais être porté déserteur ! Ils m’ont envoyé prendre un train qui circulait encore entre Marseille et Briançon. Je suis arrivé à Mont-Dauphin, où on m’a indiqué que les gars du maquis étaient au pré de Madame Carle, au-dessus d’Ailefroide. C’est ainsi que je les ai finalement rejoints. 

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